Le burn-out d’un dirigeant, tsunami relationnel pour l’entreprise familiale – Partie I. : Soutenir le couple
Au début
Tout a commencé par un appel. Une femme à bout de souffle, en pleurs, en burn-out, qui sollicite mon aide. Elle est cofondatrice d’une jeune entreprise, avec son mari. Elle s’est récemment littéralement effondrée, n’est plus capable de travailler. Elle a très peur des conséquences de cet effondrement, tant sur son couple que sur l’entreprise. Elle se sent coupable, aussi.
Elle s’appelle Céline. Son époux et collaborateur, c’est Louis.
Céline connaît le monde psy et elle sait auprès de qui chercher une aide individuelle pour se relever de son burn-out. Il faudrait aller vite et pourtant il est nécessaire de prendre le temps : se relever d’un burn-out nécessite de la patience et de la prudence.
La première phase de l’accompagnement consistera à prendre soin du couple. La seconde vise l’ensemble des relations familiales au sein de l’entreprise, dont la vie est étroitement corrélée à celle de la famille.
Le couple, la clé de voûte tant de la famille que de l’entreprise
Nous convenons rapidement d’un rendez-vous pour le couple, qui est la pierre angulaire de l’entreprise familiale.
Le couple souffre beaucoup de la situation, il a d’abord besoin de soutien.
Il va aussi me permettre, par son récit ainsi que par une série de questions que je vais poser, de comprendre comment l’entreprise est composée et fonctionne, et d’en saisir les besoins.
Le couple est le fondateur de l’ensemble du système qui est en souffrance. Prendre soin du couple, c’est d’abord offrir un espace de dialogue et de partage du vécu de chacun, face à cet effondrement de Céline. Relier le couple, mettre des mots sur le vécu subjectif et hautement émotionnel de chacun, et aussi des mots plus techniques, des mots de psy, pour permettre une meilleure compréhension de ce que vit Céline, tant par elle-même que par Louis. S’effondrer comme Céline l’a vécu, c’est très angoissant. Et être témoin de cet effondrement sans le comprendre ni pouvoir aider l’autre l’est également.
Dès que l’affolement consécutif au burn-out se calme, nous devons apporter des réponses concrètes aux problèmes qui en découlent. Cela signifie analyser les différents niveaux de fonctionnement du couple, afin de prendre des décisions opportunes pour palier à l’absence de Céline sur plusieurs fronts. Et là, il va s’agir d’être rapide et efficace, et de prioriser correctement.
Les solutions à apporter à différents niveaux
Céline et Louis ont une somme considérable de responsabilités, de rôles et de tâches. Nous avons dû les distinguer pour y apporter des réponses différenciées :
– Le couple conjugal, sur lequel tout repose et qui donne sens à ce qui a été construit durant toutes ces années : le projet de couple et de famille ainsi que le projet d’entreprise.
Pour Louis, il me le confiera plus tard, l’impression dominante était qu’il allait tout perdre ou presque. Il ne savait où donner de la tête et ne voyait pas d’issue. Mais il était prêt à se battre et je crois qu’il a trouvé sa force dans l’amour qu’il porte à Céline, à leurs enfants et à ses enfants. Je me souviens encore de cet instant où j’ai dit que nous allions tout faire pour préserver et la famille et l’entreprise. Ce ne fût pas sans difficultés et nous n’avions aucune garantie mais nous avons réussi.
– La parentalité et ses responsabilités. C’est probablement sur ce point que les difficultés ont été les plus légères. Céline n’a rien lâché ou presque : impossible pour elle d’abandonner son rôle de maman. Même à genoux, elle tenait bon.
– Les fonctions décisionnelles et de pilotage de l’entreprise. Là aussi, le duo a été incroyable. Louis a dû prendre certaines décisions seul, mais je ne compte pas le nombre de sessions de travail durant lesquelles nous avons soutenu ce binôme professionnel pour qu’il continue de codiriger au mieux.
– Les fonctions opérationnelles de chacun. C’est peut-être là que le combat le plus rude a eu lieu. Il était très difficile à Céline de se concentrer sur une tâche malgré sa ténacité à vouloir le faire.
Nous avons dû définir ce que Céline voulait et surtout pouvait encore prendre en charge.
Et en conséquence, définir ce qui devait être délégué, et à qui.
L’état de Céline évoluait mais nous devions nous assurer qu’elle se repose car par moments, elle avait tendance à vouloir assumer plus que son état le permettait.
– Les fonctions RH, en particulier ici le management des autres membres de la famille ayant des postes opérationnels.
Nous développerons ce point crucial dans la seconde partie de l’article.
(Les signes distinctifs des personnes et situations qui ont inspiré cet article ont été modifiés.)